Transports collectifs ?

Transports publics et gratuité

Transport Dourdan-MassyLa demande de gratuité du tronçon francilien de l’A10 s’articule avec le développement des transports collectifs en Ile de France.

La situation actuelle en matière de transports suscite à juste titre beaucoup de controverses. Pour des raisons qui lui sont spécifiques, l’Ile de France n’échappe pas à cette règle générale.
Les causes de cette situation sont multiples : sociales et économiques, mais aussi aménagement du territoire, politiques des transports. Citons par exemple ; l’éloignement des lieux de production des lieux de consommation, l’éloignement des lieux d’habitation des lieux de travail, les politiques tarifaires des transports publics, l’insuffisance qualitative et quantitative de l’offre de transports publics, le recul des modes de transports de fret plus économes et moins polluants comme le fluvial et le ferré… ne font que renforcer le besoin de mesures nouvelles.
Dans ce contexte général, notre proposition ne vise évidemment pas à résoudre tous les problèmes.

Pour autant et comme nous tentons de le montrer, la gratuité de l’10 francilienne répond globalement à l’exigence d’une amélioration des transports en Ile de France. Selon nous, le nécessaire développement des transports collectifs doit aussi s’appuyer sur une articulation et une utilisation plus rationnelle des infrastructures routières et autoroutières existantes.
Pour cela, il faut bannir les réponses dogmatiques que nous trouvons très souvent chez certains interlocuteurs et qui conduisent à l’immobilisme. Pour notre part, nous sommes animés par la volonté de trouver des solutions justes et efficaces même si cela conduit à bousculer certaines idées reçues.
La première de ces idées est que le péage constituerait un moyen dissuasif à l’encontre de l’utilisation de la voiture et serait incitatif à la pratique des transports en commun. La situation dans le bassin francilien de l’A10 contredit formellement cette affirmation. En raison de l’absence d’infrastructures de transports collectifs répondant réellement aux besoins, le péage n’a, en fait, que deux effets : l’engorgement du réseau routier secondaire et le racket des usagers de l’A10
La seconde idée reçue est qu’un contrat de concession passé entre l’Etat et une société concessionnaire aurait un caractère immuable.
De nombreux précédents montrent qu’il n’en est rien. Ils montrent au contraire que si la population et ses élus unissent leurs efforts, alors l’intérêt public peut triompher. En outre, il faut savoir que le contrat de concession établit entre COFIROUTE et l’Etat a, en trente ans, fait l’objet d’une dizaine d’avenants qui en ont corrigé plusieurs de ses termes.
Dans ce domaine, c’est l’Etat qui a la pleine responsabilité pour déterminer les cadres du contrat de la concession. Dans le cas présent, il se montre particulièrement généreux avec la société concessionnaire puisque celle-ci est au sommet du hit-parade des sociétés françaises en matière de bénéfices. Véritable vache à lait du groupe VINCI, COFIROUTE lui procure l’essentiel de ses bénéfices*. Les vitupérations conjoncturelles du ministre à l’égard de COFIROUTE après les intempéries des 4 et 5 janvier 2003 serviraient-elles à masquer cette complaisance ?

Notre demande s’articule parfaitement avec l’objectif d’un développement des transports en commun.

Tout d’abord, l’existence du péage coûte très cher aux collectivités territoriales et locales.
En effet, en raison du péage, elles doivent faire face à des dépenses d’entretien et d’aménagements continuels de la voirie locale et, quelques fois, à des investissements très lourds, comme par exemple la construction de déviations. L’ensemble de ces coûts, souvent induits par le péage, accaparent des moyens financiers qui pourraient être plus utilement utilisés à l’amélioration et au développement de nouveaux équipements de transports collectifs.
Les sommes considérables payées par les franciliens au titre du péage, sont autant de ressources qui ne participent pas à la vie locale mais profitent essentiellement à la société concessionnaire.
La plupart des usagers franciliens utilisent cette infrastructure dans le cadre de leurs trajets domicile-travail. Pour de très nombreux salariés elle est en réalité la seule voie de desserte des zones d’activités et donc d’emplois qui se situent au nord de cette région. D’une manière ou d’une autre, le péage entraîne des charges pour l’activité économique régionale.
A la différence d’autres secteurs du territoire francilien, et comme l’ont montré les rapports relatifs aux incidents hivernaux de janvier 2003, cette infrastructure autoroutière est la seule voie d’accès à fort débit vers Paris, mettant ainsi la société concessionnaire en situation de monopole.

 

Notre demande permettrait la création ligne nouvelle de transport collectif sur l’emprise actuelle de l’A10, ce qui réduirait le nombre de véhicules dans le centre de l’agglomération francilienne.

Intégrée au domaine public, il est parfaitement envisageable que cette infrastructure puisse être aménagée de telle sorte que soit implantée sur son emprise actuelle une ligne de transports en commun directe et rapide vers le centre de l’agglomération francilienne.
Dans cet esprit, des parcs de stationnement pourraient être créés à l’entrée de l’Ile de France. Ils permettraient aux automobilistes venant de province et aux franciliens du sud de l’agglomération d’y laisser leurs véhicules et de terminer leurs trajets par les transports collectifs en utilisant cette ligne nouvelle pour rejoindre Paris ou la proche banlieue.
Des initiatives en projet vont dans ce sens. Malheureusement, leur efficacité va être contrariée en raison du caractère concédé de l’A10.
Ici encore il nous semble que les pouvoirs publics, et en premier lieu le ministère des transports, seraient bien inspirés en prenant enfin leurs responsabilités pour faire passer la priorité des transports collectifs du discours aux actes.

* Groupe VINCI : « lettre aux actionnaires » mai 2003