Un très mauvais exemple
Face à la demande pressante des usagers et des riverains de l’A10 pour obtenir la gratuité d’accès au tronçon francilien, le Ministère, mais aussi d’autres instances et certains élus, considèrent que ce qui a été fait sur le tronçon orléanais de l’A10 est un exemple dont il convient de s’inspirer pour le tronçon francilien.
Ce n’est pas du tout notre avis.
De quoi s’agit-il ?
Il y a quelques années la communauté de communes de l’orléanais a décidé d’entreprendre d’importants travaux sur la voirie locale, notamment sur les ponts enjambant la Loire. Compte tenu des conséquences prévisibles de ces travaux sur le trafic local, les élus ont négocié un contrat avec la société COFIROUTE afin de décharger le trafic sur la voirie locale en le transférant sur l’autoroute. Pour se faire, des formules d’accès à tarif réduit à l’autoroute ont été mises en place.
Le contrat établit entre COFIROUTE et les collectivités locales était le suivant : 40% de réduction tarifaire consentie par COFIROUTE, 40% financé par les collectivités locales et 20% à la charge des usagers.
Le succès de cette formule à été réel. Satisfaction des usagers qui évitaient des voies locales encombrées, satisfaction des collectivités en raison de la baisse sensible de trafic sur la voirie locale et réduction des dépenses d’entretien, satisfaction de COFIROUTE qui récupérait une bonne partie des avantages consentis par un accroissement du trafic.
Au terme de la période contractuelle, le contrat venant à expiration, les élus locaux ont souhaité le prolonger. Ils ont donc engagé une nouvelle négociation avec COFIROUTE dans ce sens.
Bien entendu, la société COFIROUTE a accepté de renouveler ce contrat… mais dans des termes différents.
Ainsi, l’offre commerciale de COFIROUTE est passée de 40% à 20 %, la part des collectivités (prise sur les impôts locaux) est passée de 40% à 60%, celle des usagers est, pour le moment, restée inchangée.
Nous le disons clairement cet « exemple » est précisément l’illustration de ce qu’il ne faut pas faire en Ile de France.
Après avoir validé un besoin au prix d’un petit effort commercial temporaire, COFIROUTE impose aujourd’hui ses conditions. Les collectivités locales se trouveraient certainement en difficulté si elles prenaient aujourd’hui la responsabilité de remettre en cause une disposition qui s’avère efficace et utile à la population.
S’il s’avérait qu’un tel « exemple » s’applique au tronçon francilien, la seule différence avec aujourd’hui serait que les contribuables remplaceraient les usagers au plus grand profit de la société concessionnaire.
Outre que la situation des transports ainsi que celle de la concession n’est pas du tout la même en Ile de France que dans la région orléanaise, nous demandons que des décisions durables soient prises afin que les usagers et les collectivités locales ne soient pas les otages permanents d’intérêts financiers qui ont peu de chose à voir avec l’intérêt public régional.
Selon nous, il serait beaucoup plus judicieux que les collectivités locales, plutôt que de financer COFIROUTE, s’engagent dans un plan d’investissements pour la mise en place d’une ligne de transports en commun sur l’infrastructure de l’A10*.
C’est aussi pour cela que cette autoroute doit devenir publique.
* à l’exemple de l’autoroute A 48, dans la région grenobloise.