Etat – COFIROUTE : l’entente cordiale.
« Halte à l’inflation », « scandale des tarifs », « COFIROUTE dans le collimateur de la Cour des comptes », « COFIROUTE épinglée »,
tels sont quelques-uns uns des titres des journaux parus à l’annonce des hausses des péages autoroutiers français au printemps 2004.
Dans ce concert, COFIROUTE concessionnaire de l’autoroute A10, a le rôle de premier violon. Même la Cour des comptes y va de sa musique à l’encontre de la filiale du groupe VINCI.
Les accusations ne sont pas fortuites. A kilomètre égal, en 2000, COFIROUTE a prélevé 37% de plus que toutes les autres sociétés autoroutières publiques. Dans la période 1995-1999, alors que COFIROUTE était liée à l’Etat dans le cadre d’un contrat de plan, cette société a relevé ses tarifs de 21% alors que la hausse aurait du se limiter à 12%. Par comparaison, entre 1995 et 2000, les tarifs COFIROUTE ont augmenté de 27.1% alors que l’indice des prix augmentait de 5.7%*.
Dans ces conditions, les rodomontades de l’Etat, qui ont suivi la chienlit hivernale sur le tronçon francilien de l’A10 en janvier 2003 et les récentes mises à l’index par la presse, semblent plus motivées par le souci d’apaiser la colère des usagers que par celui de rappeler COFIROUTE à ses obligations de service public.
Mission de service public ou mission au service des actionnaires ? Un rééquilibrage est indispensable.
En effet, la propension de COFIROUTE à ne retenir de ses missions que l’intérêt de ses actionnaires, au détriment de celui des usagers, semble évidente.
Simultanément à cette campagne de presse qui lui est défavorable, COFIROUTE laisse apparaître une situation financière resplendissante qu’étonnamment les médias semblent méconnaître.
A10 GRATUITE s’est donc penchée sur cet aspect du problème (voir la rubrique « situation financière de Vinci et de Cofiroute« ).
Or, cette remarquable santé dans un contexte difficile pour beaucoup, n’est possible que grâce à la bienveillance de l’Etat qui lui donne chaque année son accord pour une réévaluation substantielle de ses tarifs.
Les tarifs des concessions autoroutières, qu’elles soient à capital public ou privé, sont fixés par l’Etat après négociations avec les sociétés accréditées.
Or, dans le cadre des missions de service public qui régissent de telles conventions, les usagers pourraient s’attendre à un minimum de transparence. Il n’en est rien.
C’est dans le secret du Ministère des transports ou des sièges sociaux des sociétés autoroutières que se fixent les règles du jeu. Dans ces conditions, le perdant est toujours l’usager.
De plus, ces accords ne sont soumis à aucune des règles élémentaires de la concurrence. Les négociations ont lieu de gré à gré entre l’Etat et la société concessionnaire accréditée.
Autre bienveillance inacceptable de l’Etat, c’est de fermer les yeux sur la violation du principe d’égalité sur le tronçon francilien de l’A10.
Ainsi, entre les Ulis et le péage de Saint-Arnoult, le prix du péage pour un kilomètre parcouru est d’environ 0.06 euro. Or, si un automobiliste entre à Dourdan-Longvilliers pour se rendre en province il paye comme s’il venait des Ulis : soit 0.35 euro du kilomètre (même chose dans l’autre sens). Cette originalité en fait aujourd’hui le tronçon le plus cher d’Europe !
Cette situation scandaleuse qui perdure depuis trente ans ne semble pas émouvoir l’Etat. Or, c’est précisément au nom de ce principe d’égalité que l’Etat refuse encore de modifier les conditions d’accès des franciliens alors qu’ils n’ont pas d’autre choix pour se rendre à leur travail.
Notre revendication de gratuité du tronçon francilien est une goutte d’eau dans l’océan des intérêts économiques en présence. Il serait incompréhensible que l’Etat ne fasse pas prévaloir un peu d’intérêt général.
* LE PARISIEN du 05-02-2004