Edito septembre 2018

Respecter l’émotion en passant à l’actionPont Genes

Après l’émotion, les premiers enseignements du drame de Gènes montrent clairement que ce type d’accident n’a rien de fatal.

L’insuffisance des moyens consacrés à la surveillance, à l’entretien et à la rénovation des grandes infrastructures de transports est presque toujours en question. L’infrastructure autoroutière italienne est régie par le même type de contrat que les autoroutes privées françaises. La France n’est pas à l’abri de ce genre de catastrophe, car les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets.

dessous-pont-autoroute30% des 12000 ponts français sont à réparer et 7% présentent un risque d’effondrement. Pour 2018, seulement 800 M€ y sont alloués alors qu’il faudrait au minimum 1.3 Md€, selon un audit commandé par le gouvernement.

Dans le secteur ferroviaire la situation est peut être encore plus préoccupante, singulièrement au regard des défis climatiques : désengagement accéléré des pouvoirs publics, fermetures de lignes, délabrement des infrastructures et des matériels, course à la rentabilité. Le tragique accident de Brétigny de juillet 2013 nous a appris que là encore la fatalité y était pour rien. Les économies sur les opérations de maintenance étaient seules en cause.

Dans ces conditions, il est difficile d’admettre que les assises nationales de la mobilité, organisées par le gouvernement et toujours en attente de mesures concrètes, aient ignoré les autoroutes concédées.
Cela est d’autant plus inquiétant que la spirale démissionnaire de l’Etat dans le financement et la maîtrise des infrastructures de transports s’accélère.

Conséquence de cette démission, comme en Italie, de grands groupes développent avec avidité leurs tentacules sur l’ensemble des grandes infrastructures : ferrées, aéroportuaires et autoroutières.

Nous le savons depuis longtemps – ils ne s’en cachent même pas – ces groupes ne sont pas là pour répondre à l’intérêt général, mais pour gaver leurs actionnaires de dividendes.

C’est notamment le cas du groupe concessionnaire italien Atlantia
– concessionnaire du viaduc de Gènes – qui vient d’acquérir deux des principales sociétés autoroutières françaises (privatisées en 2006) SANEF et SAPN.

Alors que la France a d’énormes besoins dans ce domaine, les gaspillages financiers des sociétés concessionnaires qui distribuent à leurs actionnaires la totalité des produits disponibles provenant des péages acquittés par les usagers sont devenus insupportables. Rappelons que sur la seule année 2016, ce sont 4.7 Md€ de dividendes qui sont ainsi partis en fumée.

Si nous revenons sur ces considérations qui dépassent le cadre limité de notre action, c’est que nous sommes très conscients que la satisfaction de notre revendication dépend pour une large part d’un profond changement de cap de la politique autoroutière nationale suivie depuis plus de 12 ans.

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